top of page

Y a-t-il un juste niveau de détachement émotionnel ?

  • Photo du rédacteur: Marianne Ducret
    Marianne Ducret
  • 1 oct.
  • 4 min de lecture

Ça fait donc un mois que mon fils aîné a quitté la maison.

Et je le vis plutôt bien.

Étonnamment bien, même.

Au point que ça m’interpelle un peu.

 

Dans un article de janvier, je me félicitais de l’apprentissage de la posture de coach, qui m’avait permis d’ajuster ma posture de parent et de prendre de la distance. Mais n’aurais-je pas poussé le détachement un peu trop loin, pour être si peu affectée par ce 1er départ du nid ?


ree

 


Le détachement émotionnel est une compétence précieuse pour les accompagnants, mais aussi pour les managers, les politiciens, les parents, … et plus généralement tout individu ayant des interactions sociales.

Il s’agit de la capacité à mettre une distance saine entre soi et les émotions, les siennes ou celles des autres, afin de ne pas être submergé et pouvoir garder l’esprit clair.

 

Mais y a-t-il un bon détachement et un mauvais détachement ?

Et si oui, comment les différencier ?

 

Pour revenir à mon cas personnel, plusieurs éléments peuvent expliquer pourquoi la reconfiguration du système familial n’est pas brutale :

=> Au lieu de passer de 5 à 4, on est passé à 4,5 vu que le petit ami de ma fille vit avec nous à mi-temps.

=> Je n’ai jamais été autant en contact avec mon aîné que depuis son départ. Certes, les échanges sont centrés sur des questions pratiques et des recettes de cuisine, mais ça reste un bon indicateur de ses préoccupations du moment.

=> On a tous profité de son studio parisien cet été, ce qui a associé des souvenirs joyeux à la perspective de son départ.

=> On est curieux de voir comment il va aborder sa nouvelle vie et développer ses projets.

 

Bref, il y a plus d’excitation que de tristesse ou d’inquiétude, ce qui aboutit à un sentiment général positif.

Et surtout : il y a des émotions. Le problème serait sans doute qu’il n’y en ait aucune. Aucune accessible en tout cas.

 

Car c’est bien l’accès aux émotions qui fait selon moi la différence :

 

  • On peut paraître détaché parce qu’on est coupé de ses émotions, souvent inconsciemment. On refoule les émotions fortes, pour éviter d’agir impulsivement ou juste par peur de ressentir. On tient aussi à distance les émotions des autres, en montrant peu d’empathie ou en s’irritant de ces émotions qui n’ont pas lieu d'être.


L’objectif est ici de se protéger, en limitant le contact avec soi-même et avec les autres.

La croyance souvent associée est que les émotions sont inutiles, voire nocives. Il faut les ignorer pour les supprimer. Mettre un couvercle dessus pour éviter leur déferlement incontrôlable.


Ce mécanisme de défense garantit une forme de stabilité, mais présente aussi certains inconvénients. Par exemple :

- Au niveau relationnel, difficile de se montrer chaleureux et authentique quand on est distant avec soi-même. Difficile aussi de se montrer vulnérable et d’accueillir la vulnérabilité de ses proches. Au risque qu’ils se sentent incompris, voire rejetés.

- Au niveau professionnel, la prise de décision et la créativité sont enrichies par les émotions et les intuitions. S’en couper, c’est se priver de ressources précieuses.

- Au niveau familial, se refuser à montrer ou à parler de ses émotions, c’est imposer le même modèle à ses enfants, jusqu’à ce qu’ils expérimentent autre chose en grandissant et se sentent en décalage avec leur milieu familial.

- Au niveau individuel, le déni des émotions ne les supprime pas mais crée une cocotte minute qui favorise ce qu’on cherche à éviter : le débordement émotionnel. Ou la somatisation, ce qui n'est pas mieux pour l'équilibre général.

 


  • Le détachement émotionnel se définit différemment : il s’agit de la capacité à identifier ses émotions et à les mettre de côté temporairement si leur expression n’est pas pertinente là tout de suite. Il y a donc aussi la capacité à reprendre facilement contact avec elles pour les traiter par la suite.


L’objectif est ici de rester en lien avec soi-même et avec les autres, afin d’être opérationnel de la meilleure façon possible.

Car la croyance associée est que ce contact maintenu sera clé pour avoir la juste posture et être efficace dans la situation donnée.


C’est un équilibre à trouver entre :

- La relation à soi : Qu’est-ce qui se joue pour moi dans cette situation ? Est-ce le bon moment pour le traiter ? Sinon, quand le traiter pour prendre soin de moi ?

- La relation aux autres : Qu’est-ce qui est attendu de moi dans cette situation ? Quelle est l'attitude la plus adaptée pour répondre à ces attentes ?


C’est une démarche consciente qui se travaille comme une vraie compétence, à un double niveau :

1. Conscience de soi / Connaissance de soi : identifier les émotions ressenties et les informations qu’elles portent, et faire le lien avec son histoire personnelle.

2. Régulation des émotions : avoir une relation apaisée avec ses émotions, ce qui permet de les exprimer de façon constructive ou de les mettre de côté pour les laisser s'exprimer quand le contexte sera propice.

 

Cela s’appelle l’intelligence émotionnelle, qui gagnerait à être enseignée plus largement tant elle conditionne le développement du cerveau et les aptitudes sociales.

 
 
 

Commentaires


bottom of page