Un sujet récurrent dans les coachings professionnels comme dans les coachings de couple : savoir poser des limites et dire non.
Ce n’est pas très étonnant. En amour comme au travail, les injonctions sociales peuvent sembler contradictoires.
Au niveau personnel, on nous dit que l’amour véritable consiste à donner sans attendre de recevoir en retour. En même temps, on nous prévient qu’une relation déséquilibrée a de fortes chances de devenir toxique.
Au boulot, on apprécie les personnes disponibles et réactives, capables d’abattre une charge de travail conséquente, tout en les évaluant sur leur capacité à maintenir leur équilibre et rester opérationnelles sur la durée, sans leur en donner toujours les moyens.
S’ajoutent à cela les croyances personnelles sur le fait de refuser une demande ; on comprend que l’exercice ne soit pas évident.

L’enjeu est pourtant essentiel. Savoir dire non, c’est être capable de défendre ses intérêts, de prendre soin de soi, de se respecter, de maintenir son équilibre.
Subir une situation qui ne nous convient pas, c’est souvent abimer l’estime de soi et nourrir un sentiment d’anxiété, puisqu’on entretient l’idée qu’on ne sait pas se protéger efficacement.
Au contraire, savoir qu’on saura réagir pour ne pas subir ce type de situation, c’est renforcer la confiance en soi, la foi dans son adaptabilité, et par conséquent, l’audace.
Autant dire qu'en ces temps d’incertitude et de défis inédits, c’est plutôt appréciable d’avoir des gens qui osent (explorer, innover, changer) et qui compensent le manque de maîtrise externe par une forme de sécurité intérieure, elle-même alimentée par une gestion saine de leurs besoins.
Ce qui passe par deux compétences clés :
1. Se connaître / Connaître ses besoins / Savoir identifier ce qui est acceptable ou non
2. Savoir exprimer ses besoins de façon constructive / Dire les choses / Faire des demandes
Voici quelques questions pour voir où vous en êtes sur le sujet.
Savez-vous ce que vous voulez ?
Cela peut sembler évident, mais certaines personnes ont tellement envie de faire plaisir aux autres qu’elles s’oublient et ont bien du mal à dire ce qu’elles désirent / ce qu’elles préfèrent. Difficile d’exprimer ses besoins quand on ne les connait pas.
Savez-vous ce qui vous donne de l’énergie / ce qui vous plombe ?
Dans votre décision d’accepter ou non une demande, cela aide de pouvoir évaluer l’effort que cela représenterait, au regard du bénéfice que vous en retirerez.
Savez-vous ce qui est essentiel au maintien de votre équilibre ? Ce qui est non négociable ?
Avez-vous identifié des activités qui ne vous attirent pas au départ, mais qui vous donnent un sentiment de satisfaction quand vous vous poussez à les faire ?
Quand vous acceptez une demande à contre-cœur, savez-vous pourquoi vous avez accepté ?
On ne fait pas les choses que par envie, c’est évident. Mais au nom de quoi alors ? C’est important de pouvoir le justifier auprès de soi-même, pour déterminer si c’est un choix conscient parce qu’on y voit son intérêt, ou si c’est une situation subie parce qu’on ne sait pas comment l’éviter.
Accordez-vous à vos besoins autant d’importance qu’à ceux des autres ?
Au niveau personnel, c’est plutôt sain de mettre ses besoins au même niveau que ceux des autres, à moins d’être avec des enfants en bas âge ou des personnes vulnérables.
Au niveau professionnel, on comprend l’intérêt de faire passer les besoins de son client / de son entreprise / de son manager avant les siens, mais jusqu’à un certain point. Et cette limite doit être définie.
Avez-vous souvent l’impression que vous êtes obligé(e) de dire oui ?
Si oui, qu’est-ce qui vous fait dire ça ? Quelles seraient les conséquences d’un refus ? Est-ce une hypothèse ou une certitude ? Avez-vous les moyens de le vérifier ?
Est-ce que ces conséquences sont plus négatives que la sensation de ne pas avoir le choix ?
Prenez-vous un temps de pause avant de répondre à une demande ?
C’est toujours intéressant de se libérer de la pression de répondre à chaud, afin de se consulter à froid, identifier ce qui nous pousserait à dire oui et ce qui nous motiverait à dire non, et prendre une décision en conscience.
Cela permet aussi de soigner la réponse.
Hésitez-vous souvent entre accepter ou refuser ?
Interrogez-vous sur ce qui se joue pour vous dans cette décision.
D’une manière générale, si une partie de vous a envie de dire oui et l’autre non, posez-vous la question « à quelles conditions serais-je prêt(e) à dire oui ? ».
Une fois que vous avez identifié ce qui rendrait votre oui plus confortable, faites des propositions pour trouver un terrain d’entente.
Vous autorisez-vous facilement à dire non ?
Si oui, veillez à la forme pour éviter de paraître brutal(e). Si vous avez le sentiment de dire très souvent non, demandez-vous si cela sert vraiment vos intérêts à long terme.
Si non, identifiez les croyances qui entrent en jeu : est-ce mal de dire non ? pourquoi ? qui pense cela ? Ou est-ce dangereux de dire non ? quels sont les risques ? est-ce déjà arrivé ?
Vous sentez-vous coupable de dire non ?
Si oui, rappelez-vous que dire non à quelque chose, c’est dire oui à autre chose, qui est important pour vous. Dire non à l’autre, c’est se dire oui à soi. En assumant cela, vous invitez votre interlocuteur à faire de même.
Alors au lieu de vous justifier plus que nécessaire, évoquez vos envies / priorités avec simplicité, interrogez l’autre sur ses besoins, et trouvez ensemble un compromis.
Eprouvez-vous un sentiment de rejet quand on vous dit non ?
Si oui, entrainez-vous à différencier l’objet de la demande et l’émetteur de la demande.
Si vous craignez de blesser une personne en refusant sa demande, faites vous-même la distinction pour « rassurer » votre interlocuteur sur l’état de votre relation : « ça me ferait très plaisir de faire une activité avec toi, mais je ne suis pas fan de celle-ci. Pourquoi pas une autre ? »
Dites-vous souvent oui pour éviter les conflits ?
C’est une stratégie fréquente, qui donne l’illusion de préserver la relation, mais qui a des effets destructeurs à long terme.
Accepter quelque chose à contre-cœur n’est jamais anodin. Les petits ressentiments s’accumulent et s’exprimeront d’une façon ou d’une autre. Et si on évite de se dire les choses, les non-dits favoriseront les incompréhensions et installeront une distance au sein de la relation.
Oser dire non, c’est montrer qu’on souhaite communiquer pour améliorer une situation ou une coopération. C’est exprimer à l’autre qu’on le considère capable de nous comprendre et de prendre en compte nos besoins. C’est l’encourager à s’exprimer lui aussi. Cela favorise la confiance et la transparence, et nourrit la relation.
Ajoutons qu’au niveau professionnel, dire oui à tout n’est pas la meilleure stratégie pour se faire respecter, ni pour rassurer son client ou son manager. C’est parce que vous savez dire non que votre oui est crédible à ses yeux.
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